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20 octobre 2015 2 20 /10 /octobre /2015 16:22
REFORME
REFORME

Un collectif de parents et d'enseignants dénonce la menace que représente la réforme du collège pour LES LANGUES

Il en a été décidé ainsi en haut lieu: les élèves français sont mauvais en langues vivantes, il faut que cela change. Et sans plus réfléchir aux causes du problème, le ministère a donc décidé d'une réforme des langues vivantes dont le principal ressort est l'affectation aux langues vivantes et anciennes d'heures prises... aux langues vivantes et anciennes.

La réforme s'inspire-t-elle d'une trouvaille heureuse qui permettra d'améliorer par ce tour de passe-passe le niveau des élèves en langues? Malheureusement non, évidemment non. C'est même tout le contraire. Il s'agit d'une réforme basée sur l'imposture et le renoncement. La réforme des quatre mensonges et d'un enterrement.

Mensonge n°1: une seconde langue en 5e

On améliorera le niveau des élèves en introduisant une seconde langue vivante dès la 5e. Par cette annonce fracassante, le ministère comptait s'attirer les bonnes grâces des familles qui sont aujourd'hui bien inquiètes. On introduit des heures en 5èmemais on en retire en 6ème, en 4ème et en 3ème. La recette fonctionne-t-elle? Bien sûr que non, car avec moins d'heures sur une année, les langues vivantes deviennent des matières anecdotiques, les élèves ont du mal à retenir et à pratiquer. Il suffit pour s'en convaincre de lire le communiqué de l'APLV (Association des Professeurs de Langues Vivantes) qui rapporte les témoignages de professeurs qui ont vécu la réforme au quotidien dans l'académie de Toulouse, une des deux académies tests.

Mensonge n°2: la suppression de classes "élitistes"

La suppression des classes bilangues et européennes, qui fournit le quota d'heures à redistribuer, est justifiée par le fait qu'il s'agit là de dispositifs "élitistes". En collant ainsi une étiquette sur des réalités complexes, le ministère finance sa réforme et s'achète une bonne conscience. Où est le problème? Au moment même où l'on se targue de donner des marges d'autonomie aux établissements, on enlève toute autonomie, toute liberté de choix aux élèves. On ne veut pas voir que certains élèves sont prêts à aborder une seconde langue dès la 6e, et que d'autres ont de tels problèmes avec les "fondamentaux" (écrire, compter) qu'ils n'ont pas les moyens d'aborder une seconde langue en 5e. On va donc brider les meilleurs, noyer les moins bons, et rendre fous les professeurs. On ne fait aucun cas de la motivation et des goûts personnels des élèves, comme si ceux-ci n'avaient aucun rôle à jouer dans l'apprentissage.

Les bilangues et les européennes sont des dispositifs plébiscités par l'expérience. Ils favorisent la mixité sociale en gardant dans le public

les meilleurs élèves qui, sinon, se tourneraient vers le privé. La bonne réponse, pour lutter contre "l'élitisme", ce n'est donc pas de supprimer, mais d'ouvrir davantage, d'informer en amont afin que tous puissent choisir en connaissance de cause, et de permettre à tous les élèves qui le souhaitent de rejoindre ces dispositifs.

Mensonge n°3: l'ouverture de postes de profs d'allemand

"L'allemand n'est pas menacé par la réforme, nous allons ouvrir 515 postes de professeurs d'allemand l'année prochaine." Le ministère défend donc l'idée étrange que c'est le nombre de postes ouverts qui suscite la vocation chez l'élève. On pourra donc "imposer" l'allemand par décret. C'est naturellement faux. Tout d'abord parce que sur les 300 postes ouverts en 2014, seuls 193 ont été pourvus, faute de candidats. On peut donc en "ouvrir" 10 000, ça ne coûtera pas plus cher.

Ensuite et surtout, il faut rappeler que le nombre de germanistes est passé de 14 000 à 96 000 par an grâce aux dispositifs bilangues. L'élève qui choisit l'allemand ne se prononce pas seulement pour une langue, mais pour un type d'enseignement, pour des voyages, pour un projet. Par le jeu de la réduction horaire que promet la réforme, les professeurs d'allemand seront demain affectés sur trois établissements. Ils n'auront plus de salle attitrée, plus de temps pour les échanges et les sorties. Ils n'auront donc bientôt plus d'élèves, ce qui justifiera les fermetures de classes. Enfin, l'idée de faire pratiquer en 2016 l'allemand par des professeurs des écoles qui ne sont pas germanistes relève de la douce fumisterie.

Mensonge n°4: le succès de la réforme dans les académies tests

Voici un extrait du témoignage des professeurs (ALPV) qui ont vécu la réforme: "Après la présentation de la réforme par la ministre de l'Éducation nous avons pu lire et entendre dans les médias que 'dans l'académie de Toulouse l'expérimentation se fait à la très grande satisfaction des enseignants eux-mêmes'. Nous tenons à proclamer que nous n'avons pas été consultés et que nous ne sommes pas d'accord avec cette affirmation que nous jugeons mystificatrice (...) À moins de 3 heures par semaine en LV2, avec des classes hétérogènes et des effectifs chargés, l'enseignement apprentissage des langues vivantes se révèle inefficace pour un grand nombre d'élèves, et surtout pour ceux qui ne peuvent pas bénéficier d'aide à la maison." Ou comment parler à la place des gens de métier pour mieux cacher la grande misère de l'école publique et l'inanité d'une réforme dogmatique.

Un enterrement : le latin et le grec

En plus de l'allemand, du russe, de l'italien, le latin et le grec sont dans le collimateur. Malgré le rideau de fumée lancé par les différentes communications du ministère, il est certain que l'enseignement des langues anciennes sera laissé à la bonne volonté des chefs d'établissement, et soumis aux contraintes des uns et des autres. Pour exemple, les EPI "latin" seront pris sur les quotas horaires des autres disciplines, "l'enseignement complémentaire" sera pris sur les heures de soutien aux élèves en difficulté et l'enseignement du latin prévu en cours de français, ce qui existe déjà, ne donne lieu à aucune dotation horaire supplémentaire. Quant au suivi, à l'approfondissement, à une véritable progression, ce n'est même plus la peine d'en parler. Nous entrons dans le royaume du saupoudrage, de l'oubli et de la discipline-gadget.

L'intérêt général, dont se réclame les promoteurs de la réforme, ne commande pas de casser ce qui marche pour imposer par décret des recettes inadaptées. Dans l'intérêt général, il faut que s'ouvre le dialogue et que les choses puissent évoluer sans que le travail réalisé ne soit anéanti. Les échanges, les voyages, les classes bilangues et européennes doivent vivre. Les élèves intéressés par le latin et le grec doivent pouvoir s'y consacrer sérieusement. Ceux qui préfèrent le sport ou les sciences doivent pouvoir choisir d'autres parcours. Ce n'est qu'à ce prix que le collège public retrouvera son efficacité et son talent.

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