1808 : Création de l’examen du bac par Napoléon Ier
Lorsque Napoléon Ier arrive au pouvoir, l'école se porte mal. Avec la destruction des congrégations religieuses, le collège n'existe presque plus. Quant aux universités, elles étaient déjà bien malades sous l'Ancien Régime. Napoléon décide donc de remettre de l'ordre et crée un cycle secondaire, le lycée, avec un proviseur, un censeur et un intendant (structure que l'on retrouve actuellement). Il décide aussi de créer un baccalauréat, qui sanctionne la fin des études secondaires, et conditionne l'entrée à l'université. C'est ce dernier point qui a fait son succès, et la singularité du système français puisque le bac occupe chez nous une place centrale et hautement symbolique. A l'origine, l'examen ne comportait qu'une seule épreuve orale d'une durée de 30 à 45 minutes, jugée par des professeurs d'université. Les élèves étaient interrogés en fin de terminale sur les auteurs classiques aux programmes de première et de terminale.
1830 : Création d'une épreuve écrite de l’examen du bac
Preuve que le débat n'est pas nouveau, en 1830, on décide d'ajouter une épreuve écrite... car on estime que certains bacheliers sont bien médiocres en orthographe ! Les élèves doivent donc réaliser une petite rédaction, ou traduire un passage d'auteur classique en français. Notons qu'au départ, les langues étrangères et les sciences sont peu valorisées. La vraie culture, c'est la culture désintéressée, avec la maîtrise du latin et du grec, et des auteurs reconnus de l'âge classique. Il faudra attendre les années 1960 pour que le bac scientifique devienne la filière prestigieuse. Jusque-là, la voie royale pour faire médecine... c'était le bac philo !
1861 : Julie-Victoire Daubié est la première française à passer l’examen du bac
En 1861, à Lyon, Julie-Victoire Daubié est la première Française à passer le bac. A l'origine, on considère que le bac ne concerne pas les femmes, et qu'il est réservé à la future élite : les cadres militaires et administratifs, ainsi que les corps d'ingénieurs. Cette jeune femme a obtenu l'autorisation de se présenter, mais il faut savoir qu'à l'époque, il n'existait pas d'établissements secondaires féminins. Ce n'est qu'en 1880 sous Jules Ferry que l'on crée un lycée pour jeunes filles, mais attention, on ne les y prépare pas au bac. Elles n'ont pas droit au latin et au grec, et doivent se contenter de rester de bonnes maîtresses de maison avec une certaine culture générale. Parallèlement, les pensions privées préparent certaines jeunes filles dont les parents souhaitent qu'elles passent leur bac. En 1924, les femmes obtiennent enfin gain de cause, puisqu'on lance la première préparation au bac pour les filles, reconnue par l'Etat. Ironie de l'Histoire : les filles sont désormais largement en tête !
1874 : Dédoublement de l’examen du bac avec une épreuve en première
Au cours du XIXème siècle, on intègre de nouvelles matières (l'histoire-géo, les sciences, les langues...), tant et si bien que l'on dédouble le baccalauréat. On ajoute alors une épreuve de rhétorique (composition latine et française) en première. Puis en terminale, les bacheliers passent une autre épreuve, soit en philosophie, soit en mathématiques.
1902 : Le cursus sciences est reconnu à part entière dans l’examen du bac
En 1902, on crée quatre filières : latin-grec, latin-sciences, latin-langues et langues-sciences... Ce qui est une grande nouveauté puisque pour la première fois, un cursus scientifique est reconnu à part entière.
1927 : Création de deux sessions de l’examen du bac en juin et en septembre
En 1927, le baccalauréat se compose d'un écrit et d'un oral en première et en terminale. C'est alors que l'on crée deux sessions : une en juin, et une en septembre (durant laquelle les élèves qui avaient échoué devaient tout repasser). Cela demande donc un plus grand nombre de professeurs pour évaluer les élèves. Parallèlement, si au XIXe, les bacheliers ne représentent qu'1 à 2% d'une classe d'âge, à cette époque, ils sont entre 3 et 4%. Ainsi, si au départ seuls les professeurs d'université pouvaient faire passer le bac, dès le début du XXe, on permet petit à petit aux professeurs du secondaire (d'abord à ceux qui avaient une thèse) d'examiner les élèves.
1959 : Suppression de l'épreuve orale de l’examen du bac sauf pour les langues vivantes
En 1959, on supprime l'oral sauf pour les langues vivantes. Dans cette période de grande transformation, on hésite encore. Les bacs généraux sont les suivants : philo, maths élémentaires et sciences expérimentales (un examen plus partagé entre les sciences et les lettres, dédié aux futurs instituteurs). Entre 1959 et 1969, le nombre de bacheliers passe de 10 % à 20 %. C'est à ce moment-là qu'a lieu la plus importante massification. Entre 1969 et 1995, on monte jusqu'à 37 % d'une classe d'âge titulaires de l'un des baccalauréats généraux.
1960 : Suppression de la seconde session de rattrapage de l’examen du bac
En 1960, on supprime la seconde session de rattrapage, mais on la remplace par un oral de rattrapage qui a lieu sur le champ pour les élèves qui ont obtenu au moins 7/20. Le bac se déroule toujours en deux temps : un en première, un en terminale.
1962 : Suppression de l’examen du bac en première
En 1962, on supprime le bac en première et on le remplace par un examen probatoire interne au second degré. En 1964, cet examen probatoire est supprimé, et ce sont les conseils de classe qui décident seuls désormais.
1965 : Mise en place des nouvelles filières générales et technologiques
En 1965, on rétablit la session de rattrapage en septembre pour ceux qui ont 7, avec un écrit et un oral. C'est aussi à ce moment-là que l'on met en place les quatre bacs généraux : le A (philo), le B (un petit nouveau pour l'Economie), le C (maths élémentaires), et le D (Sciences expérimentales). A noter que le bac B a failli être un bac de psycho car De Gaulle envisageait un « bac féminin ». Parallèlement, on met en place un autre grand ensemble avec les bacs technologiques : F (industriel), G (tertiaire), et H (informatique) dont les premières sessions ont lieu en 1970. Ce sont ces bacs qui connaissent par la suite un vif succès. On note donc que les grands changements ont été décidés avant 1968 ! Cette année-là en revanche, on supprime à nouveau la session de septembre, mais on rétablit l'oral de rattrapage pour les élèves qui ont obtenu entre 8 et 12.
1969 : Création de l'épreuve par anticipation de français en première
Avec cette nouvelle formule, on revient un peu en arrière. Désormais, les élèves de première passent une épreuve orale et écrite en français. On finit par trancher pour une seule session de rattrapage à l'oral... configuration qui prévaut toujours aujourd'hui !
1985 : Création des bacs pros
Avant, on avait déjà un système d'examens professionnels : des CAP et des BEP. Mais là, on crée un bac pro qui ouvre juridiquement - comme tout bac - le droit à ses titulaires d'entrer à l'université, même si ces filières sont avant tout tournées vers la production directement après le bac. Le bac pro comporte une bonne partie de contrôle continu, ce qui est toujours valable aujourd'hui. En ce qui concerne les bacs technologiques, ce sont les BTS et les IUT qui sont considérées comme des suites normales
1993 : Création des filières L, ES et S de l’examen du bac
En 1993, les fameux bacs A, B, C et D sont remplacés par les bacs L, ES et S ( rassemblement de C et D). Quant aux sujets d'épreuves, ils ont fortement évolué, notamment en Histoire. Si dans les années 60, on enseignait l'Histoire politique, diplomatique et militaire, aujourd'hui, on étudie aussi les changements économiques, culturels et sociaux. Le but n'est donc plus d'apprendre avant tout un certain nombre de faits plus ou moins par cœur, mais de démontrer sa compréhension... ce qui fait dire à certains que les bacheliers n'ont plus de ''connaissances'' !
Pour la philo, la problématique est la même depuis toujours : faut-il enseigner cette matière singulière plus tôt ? Seule une petite minorité de professeurs milite en ce sens. De façon générale, on peut observer un grand changement ces 10 dernières années. Autrefois, avoir 15 en français était considéré comme remarquable, comparativement aux chefs d'œuvre de la littérature ou de la pensée ! Les mentions Très bien étaient extrêmement rares. Aujourd'hui, les choses ont changé (surtout en français, moins en philo). Une très bonne copie peut obtenir un 20/20, et il n'est plus rare que les candidats des filières littéraires décrochent eux-aussi les félicitations du jury.
Par Claude Lelièvre, historien de l'éducation
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